La Cause du Théâtre du Nord-Ouest
par Marie Véronique Raban
Compte-rendu de la réunion
du dimanche 5 décembre 2010
selon Marie Véronique RABAN
D’abord des éléments de l’exposé de Jean Luc Jeener :
« … Le Théâtre du Nord-Ouest actuellement en administration judiciaire
par le fait de SA PASSION et de son mode de fonctionnement « financièrement désintéressé » se trouve dans L’ILLEGALITE
Points litigieux :
· Délit de travail dissimulé
· Dettes : 566 000 €
274 000 € ---) Plan de redressement – remise/ paiement à court terme : 150 000 €
Si les lois syndicalistes invoquées dans cette affaire persistent à être appliquées, c’est la mort de notre théâtre - et D’UNE CERTAINE IDEE DU THEÂTRE - qui serait réduit à fonctionner désormais en « CADRE DE L’ETAT » ; FINIS LES ESPACES DE LIBERTE !!!
Pourquoi s’acharne-t-on à ne pas vouloir reconnaître la créativité du Théâtre contrairement aux peintres, aux musiciens ?
… Les circonstances réelles matérielles de l’illégalité ont été aggravées par LA DENONCIATION de quelques APPRENTIS SORCIERS qui ne réalisent pas qu’ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont posés.
Des lois « bonnes pour nous défendre » se retournent contre nous ! ? ! et empêchent les créateurs de créer !!!
… Evocation du discours de Philippe Ogouz, président actuel de l’ADAMI – : « Ateliers clandestins de La Culture – Procédés d’un autre âge – Mépris du Droit du Travail … »
Mais la pratique du Théâtre n’est pas « un boulot comme un autre » : les conditions ne peuvent en être réglementées selon des lois syndicalistes comme pour d’autres métiers où elles se sont révélées salutaires.
Comment se fait-il que désormais on trouve normal que le Théâtre devienne « PRISONNIER DE L’ARGENT » et ceci – encore plus surprenant- dans le discours de gens de gauche pour qui l’argent devient roi et qui « s’agenouillent devant le Veau d’Or » ?
Leur but : NOUS IMPOSER UNE AUTRE PHILOSOPHIE JUSQU’ALORS REFUSEE PAR NOUS
Exemple : locations de nos salles aux compagnies
Solutions de « facilité » : = énorme contradiction : la loi nous oblige à voler, exploiter des troupes, par exemple par la location de nos salles à prix d’or étant donné la position centrale dans Paris du TNO ( ce qui serait évidemment un moyen d’éponger nos dettes).
…Voilà 12 ans que ce théâtre FONCTIONNE selon SA PHILOSOPHIE et tient bon malgré les menaces qui ont échelonné son parcours pendant toutes ces années, en ETANT BÂTI sur ce qu’ils qualifient d’ILLEGALITE…
La seule façon de faire vivre le Théâtre de la Liberté est de ne pas lui fermer les portes de la CREATIVITE.
Une parenthèse importante a été ouverte sur le fait qu’il serait aussi salutaire pour l’avenir du TNO et pour sa cause que certains spectacles qui font partie de sa programmation gagnent en qualité de préparation et d’exécution…
Le gouvernement devrait nous bénir au lieu de nous accabler :
On ne lui coûte pratiquement rien face aux structures subventionnées, basées sur l’illusion absolue et le mensonge, aux réalisations pharaoniques qui, lorsqu’elles ne rencontrent pas le succès proportionnel à leurs énormes dépenses, ponctionnent le budget culturel de l’Etat bien plus sûrement que les réalisations du Nord-Ouest.
D’ailleurs la plupart reconnaissent qu’ils essayent bien souvent de survivre avec des comptes truqués (pour certains de façon astronomique).
Les apprentis-sorciers, mentionnés plus haut, veulent, par excès de zèle, faire un exemple avec l’affaire du Nord-Ouest et ne réalisent pas le gros risque inconsidéré qu’ils prennent et qui pourrait aboutir à la mort du Théâtre en général.
Pour combattre cet état de LIBERTICIDE il faut envisager une action réelle, passer à une deuxième étape de lutte si ça se gâte à l’issue de la prochaine audience du 13/14 décembre prochain :
Rassemblement avec les autres petites structures menacées telles que le Lucernaire, l’Essaïon, les Abbesses, etc… pour une stratégie de groupes
· Mobilisation de la Presse
· Action à la « Fort Chabrol »…
Conclusion de J.L. JEENER :
Nous sommes dans un problème de confiance d’un état totalitaire face à un état de passion ; ils ne veulent pas admettre que nous sommes par essence différents par notre MODE EGALITAIRE.
INTERVENTIONS de comédiens ou metteurs en scène à la fin de la séance :
… Des voix ont essayé de se faire entendre pour remercier J.L. Jeener pour son combat et l’assurer de leur solidarité mais elles ont reçu peu d’écoute et c’est dommage car ce n’était pas inutile.
… Il a été proposé de trouver un avocat plus spécialisé dans le droit concernant le domaine du théâtre mais pas de réel écho à cette proposition, en tout cas pour le moment.
D’autres voix de metteurs en scène/comédiens : « Evidemment nous pourrions nous enchaîner aux grilles pour affronter les forces de la « légalité – du droit – de LA LOI »… Il n’est plus temps… Ce n’est pas le moment de parler de passion, d’amour du Théâtre… Il est inadmissible qu’au moins un avocat ne soit pas présent à cette séance pour nous dire ce qu’il faut faire au niveau de la déclaration des comédiens pour le cycle Labiche » ( alors que je crois pouvoir dire que Jean Luc Jeener venait de donner la marche à suivre à ce sujet )
Ma position :
… Etait-ce bien le moment de « sortir » ce discours réducteur qui, à l’issue de la réunion, en a paniqué et démoralisé plus d’un/d’une alors que les paroles de Jean-Luc Jeener étaient fortes, intelligentes, vivifiantes, structurées et chaleureuses (ceci dit sans flagornerie aucune - d’autant plus qu’il m’est souvent arrivé de m’ennuyer à certaines de ces réunions, vous pensez depuis 7 ans que je hante ces murs ! )
Pensent-ils – ces intervenants virulents - que, parce que l’on parle de passion, de liberté, de foi, on n’en a pas moins les pieds sur terre : l’un n’empêche pas l’autre.
Si l’on en venait à supprimer même un court moment ces notions de passion, de liberté qui sont l’identité du TNO, cela reviendrait à nous mettre au même niveau que nos détracteurs et contribuerait à nous affaiblir pour de bon.
Qu’aurions-nous eu à «nous mettre sous la dent » si nos créateurs du passé s’étaient comportés de la façon que l’on veut nous imposer ? C’est dire que, si nous nous soumettons, il n’y aura plus de créativité libre ; il ne restera plus qu’une production officialisée, terne, sclérosée et sans surprise.
Que ceux qui craignent se retirent tout bonnement de notre lutte et du lieu, il est encore temps : ils ne font que nous mettre encore plus en danger !
Et surtout qu’ils cessent d’affaiblir notre Cause en tergiversant sur l’Ethique même de ce Théâtre.
Ils savaient en y entrant quelles étaient les convictions de son Directeur et donc quel était l’esprit de ce théâtre : qu’y font-ils ???
Car les choses vont forcément se gâter même si la victoire est encore possible ici ou au pire ailleurs - comme l’a mentionné J.L. Jeener : « s’il le faut – dans des caves ! »
On fait de la résistance ou l’on n’en fait pas, que diable !!
Il faut à mon sens : se rassembler autour d’une manière de fonctionner solidaire, d’une stratégie ferme mais surtout calme et donc efficace.
Entendons-nous bien : je ne critique pas le fait que l’on se préoccupe de l’agencement des solutions matérielles qu’il faut bien sûr manœuvrer avec prudence et intelligence mais il ne faut en aucun cas mettre de côté, occulter voire ignorer les valeurs qui ont soutenu le fonctionnement de ce Théâtre depuis 12 ans, qui sont Sa Structure Essentielle, son Esprit et qui sont saines pour l’avenir de notre Culture.
Si nous nous obstinons à fonctionner en mode individuel, il est évident que chacun n’aura plus qu’à prendre son paquetage et à se sauver tant qu’il en est encore temps !
Mais je pense qu’ il est à recommander - comme nous y a invité dimanche soir notre directeur et ami – de voir plus loin et de prendre garde aux conséquences de ce genre d’abdications face à un tel enjeu.
Que ceux à qui les mots
« Foi, Passion, Amour, Liberté et j’en passe »
donnent des démangeaisons aillent pratiquer leur art dans des lieux plus conformes à leur mode de fonctionnement… et ces dernières paroles n’engagent que moi.
Marie Véronique Raban
( menacée elle aussi - certainement à brève échéance- d’une extrême précarité - déjà bien amorcée d’ailleurs - quoiqu’habitant là où elle habite -ceci pour prévenir toute réflexion éventuelle à ce sujet)